La sonnerie désagréable du réveil d’Allan le sortit de son sommeil, le lendemain matin. Il l’éteignit péniblement et se mit à contempler le ciel par sa fenêtre. Il n’avait aucune envie d’aller en cours. Premièrement parce qu’il n’avait pas envie de supporter les regards des autres toute la journée, deuxièmement parce qu’il n’avait pas envie de voir Logan et dernièrement parce qu’il arborait un horrible coquart et qu’il avait mal à la mâchoire.
C’est alors qu’il se souvint du test de français. Un test qui comptait pour l’examen, et qu’il avait oublié de travailler la veille. Il se leva en soupirant et enfila son jeans qui trainait par terre, avant de choisir un T-shirt dans son armoire. Il lui était bien égal de ne pas avoir travaillé son test la veille, car il était assez bon en français et il devrait réussir sans problèmes.
Une fois arrivé à l’école, il sut qu’il ne s’était pas trompé. La nouvelle qui avait pu échapper à certains élèves la veille avait fait le tour de l’école aujourd’hui. Tout le monde sans exception lui lançait des regards noirs et Allan ne se sentait vraiment pas à son aise. Il prit place seul en classe, et ne fut pas surpris de n’être rejoint par personne. Le peu de personne qui étaient déjà au courant devaient avoir peur d’être mis dans le même panier que lui. Le seul qui aurait pu avoir le culot de se mettre avec lui était Logan, et il ne comptait vraiment pas sur lui.
Une fille qu’il ne connaissait que de vue et qui était arrivée en retard dut se résoudre à se mettre à coté de lui, parce qu’il n’y avait plus de place nulle part ailleurs dans la classe. Il savait qu’elle s’appelait April, mais il ne lui avait jamais parlé. Elle était brune et avait les yeux verts et elle restait souvent seule, à lire dans un coin reculé de la cour, pendant la récréation. Il avait remarqué qu’elle parlait à tout le monde et d’après ce qu’il avait pu comprendre, tout le monde avait une opinion positive d’elle. Allan en avait conclu qu’elle aimait simplement lire et s’isolait pour ne pas être distraite.
La jeune fille lui sourit en tirant la chaise pour s’asseoir. Il devait avouer qu’elle était plutôt jolie, pour une fille. Peut-être un peu trop maigre à son gout, mais jolie.
Allan suivait distraitement le fil du cours, quand April chuchota :
-Alors c’est vrai ?
-Quoi ça, demanda-t-il, sans la regarder.
-Que tu es gay… j’étais pas là hier matin, il parait que…
-Ecoute je fais ce que je veux de ma vie sexuelle et…
-Hey ! Calmos ! Je m’en fiche, moi, que tu sois gay ! C’était juste une question ! J’en connais pas mal qui doivent être déçues !
Allan, qui n’avait jamais pensé susciter le moindre émoi auprès de la gent féminine se tourna vers elle, comme pour vérifier qu’elle ne se fichait pas de lui.
-Comment tu t’es fait ça, demanda-t-elle, c’est à cause de ton coming-out ?
-Pas vraiment…
-de quoi alors ?
-Mon ex est plutôt jaloux on dirait, dit-il en ricanant. C’est un comble d’ailleurs.
-Il est ici à l’école ? S’étonna-t-elle
-Euh…
-Allez, balance qui c’est !
-Non, je ne crois pas qu’il en ait envie…
-Comme tu voudras, dit-elle, avant de reporter son attention au cours.
Le test s’avéra plus difficile qu’Allan ne l’avait prévu, mais il pensa qu’il devait s’en être sortit, quand il partit s’acheter un sandwich.
Il contempla un instant la cafeteria surpeuplée et décida d’aller manger dehors. Il faisait beau et il s’assit à l’ombre d’un chêne, avant d’entamer son sandwich.
-Tiens, tu es là !... Bon appétit, dit April en s’assaillant à coté de lui, avant de sortir son livre de son sac.
-Tu ne manges pas ?
-Non, pas faim.
-t’es sûre ? Tu veux pas un bout de mon sandwich ?
-Non merci, c’est gentil.
April se mit à lire, et Allan se remit à manger en silence. Sa présence lui faisait du bien, même s’ils ne parlaient pas. C’est horrible de se sentir si subitement rejeté et évité par tout le monde. Allan regretta alors la fois ou il s’était moqué du petit Jimmy Bootles, qui bégayait.
-Tu lis quoi ?
-« ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda.
-C’est bien ?
-Génial, c’est la deuxième fois que je le lis. Si tu veux je te le prête !
-Oh tu sais, moi je n’aime pas lire…
-Je t’assure que tu l’aimerais celui-ci, c’est mon préféré.
-Ok, alors prête le moi quand tu auras fini…
-D’accord, dit elle en lui souriant.
Allan aperçut Logan plus loin, qui lui jeta un regard mauvais, et il se renfrogna. Il se leva d’un bond.
-Ou tu vas ?
-Je rentre chez moi, j’en ai marre !
-Marre de quoi, demanda April en se mettant à sa hauteur.
-Du regard des gens.
-Ah… dit-elle en se rasseillant.
-Quoi ?
-Je croyais que t’étais différent, que tu t’en fichais…
-Comment ça ?
-Eh bien, que tu te fichais de ce que les autres pensaient.
Allan se rassit à son tour, il ne répondit pas.
-Hey je ne te force pas à rester hein !
-non, mais t’as raison, je me fiche du regard des autres, c’est juste le sien… Mais il ne doit pas m’empêcher de suivre les cours, non ?
-qui ça, ton amoureux ?
-Ex, ouais…
-Non, ça ne devrait pas. Tu l’aimes encore, non ?
Allan se tut. Il n’avait pas pour habitude de se confier, et cette fille si clairvoyante le troublait.
-Bien sûr, que tu l’aimes encore…
A la grande surprise d’Allan, April s’approcha de lui et le serra dans ses bras. Allan s’y sentit bien. Son parfum était agréable et son corps pressé contre le sien lui donnait une agréable sensation, comme si c’était sa mère qui l’étreignait. Les larmes lui montèrent aux yeux quand il pensa à ses propres parents.
-Merci, dit il en s’éloignant d’elle et en séchant ses larmes le plus discrètement possible.
-y’a pas de quoi, dit elle en souriant.
Allan s’était assit au fond de la classe pour le cours d’anglais. Logan s’assit à l’opposé et il soupira. À son grand étonnement, April prit place à coté de lui, alors que d’autres places étaient encore libres.
-Pourquoi tu te mets là ?
-Je t’aime bien.
L’incompréhension dut se lire sur son visage, car elle crut bon de rajouter :
-Toi au moins, tu ne parles pas pour ne rien dire.
Le professeur d’anglais leur donna un travail à réaliser par groupes de deux, et Allan fut heureux de se mettre avec April. Il se demanda pourquoi il n’avait jamais eu d’amies filles auparavant.
-Chez moi c’est difficile de travailler, commença-t-elle, mon petit frère fait toujours plein de bruit.
-T’inquiète pas pour ça, chez moi ça sera parfait. J’habite pas très loin d’ici en plus.
-Ok !
Maintenant qu’il avait une alliée, Allan trouvait le regard des autres beaucoup moins insurmontable, et il évitait tout simplement de regarder Logan.
Arrivé chez lui, après les cours, il réfléchit un instant. S’il voulait revoir Mike, il fallait lui envoyer un message, sinon ce serait foutu. Il savait que comme il était plus vieux de sept ans, il penserait qu’il n’avait été qu’une passade d’un soir et qu’il ne lui téléphonerait pas. Allan réfléchit. Mike était très mignon, et Logan avait rompu avec lui, il n’avait donc aucune raison de se priver. Il décida donc de lui envoyer un sms. « Hello, Mike ! ps de news de toi, j’espR que tu vas b1… G bcp penC à toi depuis l’autre jour… Bisous » il relut son message avant de l’envoyer. C’était très bien, pensa-t-il. Il reçu une réponse très vite : « ca va, jv1 de finir le boulot… moi aussi g bcp penC à toi… tu vx qu’on se revoie ? ». Allan sourit, et répondit aussitôt : « oui, si tu vx, tu px passer chz moi mnt » et il reçut un « ok j’arrive » comme simple réponse. Allan mit un peu d’ordre dans son appartement et il avait à peine fini de se recoiffer quand il entendit sonner à la porte.
-Salut dit il en ouvrant la porte à Mike.
-Qu’est ce que tu t’es fait à l’œil ? demanda ce dernier, immédiatement.
-Oh… euh mon ex a pas trop apprécié de voir que je l’avais remplacé, dit il en lui prenant sa veste, avant de l’accrocher au porte manteau.
-il t’a salement amoché, répondit Mike.
-Je ne te plais plus alors ?
-Si bien sûr !
-t’as déjà mangé ?
-non… si tu veux on commande chinois, je t’invite…
-Dis ça va, on est chez moi, c’est moi qui invite !
-Pardon, je pensais que comme tu vivais seul, t’avais un budget limité…
-ah ça… je ne mangerais pas à la fin du mois, mais c’est rien… je suis habitué !
-Je rigole ! ajouta-t-il devant l’air horrifié de Mike.
Ils mangèrent chinois sur la table basse. Mike qui regardait autour de lui demanda :
-ils sont où, tes parents ?
-ils sont souvent en voyage d’affaire, alors ils m’ont acheté cet appart, comme ça je suis tranquille, mentit Allan
-Ah… et tu ne te sens pas trop seul ?
-Non, c’est une question d’habitude. Pourquoi, tu ne vis pas seul toi ?
-Hein ? Si, pourquoi ?
-ben tu me demandes si je ne me sens pas trop seul…
-Ah oui mais je pensais qu’a ton âge on n’aimait pas être seul…
Vers la fin du repas, Allan, qui avait très envie de Mike se colla à lui, dans le canapé.
-Tu as un peu de sauce sur la commissure de tes lèvres, remarqua Mike.
-Enlève là alors !
Mike s’approcha de lui et Allan le tira vers lui en basculant en arrière sur le canapé. Il sentait son odeur, si différente de celle de Logan, et ne put s’empêcher de soupirer. Il ne la sentirait plus jamais cette odeur là. Mike se mit à l’embrasser à pleine bouche, et Allan passa ses mains sous son T-shirt. Il sentait ses muscles sous ses doigts. Mike était très excitant, même s’il ne l’aimait pas, il le trouvait désirable à souhaits. Ils s’effeuillèrent avec lenteur, et Mike, qui était visiblement très excité lui aussi se mit à frotter son anus contre le sexe durci d’Allan. Allan, n’y tenant plus, émit un mouvement du bassin qui fit entrer son sexe dans la cavité offerte de son amant, qui émit un cri de surprise et de douleur.
-Pardon…
-C’est rien, continue, ça va passer…
-Tu veux dormir ici ? Demanda Allan à son amant qui ramassait ses vêtements après qu’ils eurent joui.
Mike regarda sa montre. Il était relativement tard.
-Ok.
Allan lui prêta un pyjama et ils se mirent au lit, chacun de son coté. Allan était sur le point de sombrer dans le sommeil lorsque la voix de Mike s’éleva dans l’obscurité.
-Je suis quoi pour toi ?
Allan se retourna vers lui. C’était une simple question, il le savait, et Mike ne se formaliserait pas, quelle que soit la réponse.
-Eh bien… euh… tu es très sexy, tu m’attires beaucoup, mais je ne suis pas amoureux de toi, si c’est ce que tu veux savoir.
-Ah !
Mike semblait presque soulagé.
-Je sais qu’a ton âge on se laisse vite emporter par les sentiments, alors j’ai eu un peu peur quand tu m’as demandé de rester dormir…
-T’inquiète pas.
Le silence s’abattit sur eux quelques secondes, puis Mike reprit :
-On va remettre ça ?
-Autant que tu veux. On n’a qu’a dire qu’on est un couple libre… on se voit, on sort, on couche ensembles, mais si t’en as envie tu peux coucher avec d’autres gars, ça m’est égal…
Mike émit un petit rire, qui ressemblait presque à un soupir.
-Ca me va, c’est parfait, dit-il avant de se tourner à nouveau vers son coté.
C’était parfait. Ou plutôt c’était parfaitement ce qu’il fallait à Allan. Il était content d’avoir trouvé quelqu’un qui veuille bien faire comme il le voulait.