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Mardi 28 octobre 2 28 /10 /Oct 20:57

-… Andrew Jonson, J’ai 19 ans.

-Et quelles sont vos motivations ?

-J’adore les plantes, j’ai la main verte, je pense que je pourrais vous être d’une grande utilité, et j’ai besoin d’argent…

Cet Andrew Jonson paraissait un peu pitoyable aux yeux de Lucas.  Il se tenait dans le petit salon privé de son beau père, qui servait aussi de salle d’attente à son bureau, dont la porte était entrebâillée, et il avait surpris la fin de la conversation de celui-ci avec le nouveau jardinier.  De là ou il était, il pouvait l’apercevoir de dos.  Il portait un baggy, un simple T-shirt noir, assez vieux, d’après ce qu’il en jugeait par la couleur délavée qu’il arborait, et de simples baskets.  Il avait les cheveux noirs très courts.

-Je pense que je vais vous prendre à l’essai, à partir de demain, cela vous convient-il ?

-Merci beaucoup !  Ce sera parfait !

-A demain dans ce cas.  Demandez à Alfred de vous raccompagner jusqu'à la sortie.

-A demain.

Andrew se retourna, révélant un doux visage à Lucas, qui n’avait cessé de l’observer.  Il avait le teint légèrement halé, une bouche pulpeuse, un nez droit et des yeux bleus azur, qui faisaient penser à ceux d’un ange. 

En apercevant Lucas, il lui fit un léger sourire crispé, que Lucas ne lui rendit pas.  Celui-ci se leva et entra dans le bureau de son beau père sans prendre la peine de toquer.

-Lucas.

-Jean, dit-il en prenant place sur le siège en face de son bureau.

-Je ne crois pas t’avoir entendu toquer.

-C’est normal, je n’ai pas toqué.

-Je vois que tu es toujours aussi poli.  Que me vaut ta visite ?

-J’ai besoin d’argent.

-Forcément.

Lucas se renfrogna.  Malgré la grande fortune que sa mère et son beau-père possédaient, il devait justifier la moindre de ses dépenses auprès de celui-ci.  C’était si pesant.  Bien sûr, il recevait de l’argent de poche chaque mois, peut être même que la somme qu’il recevait était plus élevée que celle que recevrait le jardinier, mais cela ne lui suffisait pas toujours.

-Je dois payer mon minerval, dit il en crispant ses doigts sur l’accoudoir de son fauteuil.

-Que fais tu de ton argent de poche ?

-Je le dépense. 

-Tu ne sais pas te payer ton minerval ?

-Mon argent de poche n’est pas destiné à payer mes frais scolaires.

-Tu m’exaspères.  L’argent te brule entre les doigts, répondit Jean en ouvrant le coffre encastré dans le mur derrière lui, caché par un tableau et dont lui seul connaissait la combinaison.

-Toi aussi.

Jean murmura quelque chose, mais Lucas ne l’entendit pas.

-Il te faut combien ?

-500 dollars environ.

Jean lui tendit une liasse de billets en le fusillant du regard.

Lucas sortit en fermant la porte du bureau derrière lui.

-C’est pas possible d’être aussi radin quand on est aussi riche.

-Bonjour monsieur.

-Bonjour, Alfred, dit il au major d’homme qui passait à coté de lui.

Il ne savait pas s’il l’avait entendu, et il s’en fichait pas mal.

 

 

-A demain dans ce cas.  Demandez à Alfred de vous raccompagner jusqu'à la sortie.

-A demain.

Andrew, qui ne s’était pas assis parce qu’il était bien trop stressé se retourna et ouvrit la porte qui était restée entrebâillée.  Il aperçût un jeune homme blond qui le regardait, assis sur l’un des fauteuils de la salle ou il avait poireauté pendant bien une demi-heure avant son entretien.  Il lui fit un petit sourire crispé.  Pourvu qu’il ne vienne pas pour la place de jardinier, il avait besoin de ce poste.

Il sortit de cet étrange salon et aperçût Alfred, qui vint vers lui, sans qu’il ait à lui demander quoi que ce soit.

-Alors, demanda-t-il, ça s’est bien passé ?  Vous avez le poste ?

Il avait eu le temps de discuter un peu avec Alfred, pendant la demi-heure d’attente, et lui avait raconté l’objet de sa visite.

-Eh bien il me prend à l’essai demain, dit-il avec un sourire.  Mais il y avait un autre garçon qui attendait, j’espère que c’est pour autre chose.

Alfred pouffa de rire.

-C’est Monsieur Lucas, le beau fils de Monsieur Delatourre.  Ça m’étonnerait fort qu’il attende là pour les mêmes raisons que vous.  Il aurait bien trop peur de se salir les mains.

-Ah, répondit Andrew, soulagé.

-En tout cas, bonne chance, lui dit Alfred, une fois arrivés à la sortie, ca ne va pas être de la tarte, je vous préviens.

Andrew le remercia et sortit de l’immense demeure.  Il se mit à avancer sur le petit sentier qui menait jusqu’au grand portail en fer forgé, à deux cents mètres de là.  Le jardin qui s’étendait de part et d’autre du sentier était immense.  Il devait venir tous les jours après les cours pour s’en occuper, et ce ne serait pas de trop, vu la taille du jardin, et qu’en plus, d’après ce qu’il pouvait constater, ça faisait un petit temps déjà qu’il n’avait pas été entretenu.

Andrew referma le portail derrière lui, en sortant. 

Il retourna au petit appartement qu’il louait, près de la prestigieuse université ou il allait entrer.  Il était soulagé d’avoir été engagé, parce que sinon il ne savait pas comment il aurait fait pour payer le loyer.  Andrew avait choisi cette université californienne, parce qu’elle était réputée pour sa faculté de sciences politiques et économiques, qui étaient précisément les études qu’il voulait faire.  Il avait donc du laisser ses parents, ses amis et tout ce qu’il connaissait loin derrière lui, dans le Massachussetts.

Andrew jeta ses clefs sur la table basse et se laissa tomber sur le canapé miteux qu’il avait acheté dans un magasin de seconde main.  Il faisait si chaud, ici en Californie…

 

 

Lucas se réveilla vers midi le lendemain.  Il s’étira et se dirigea vers la fenêtre, qui donnait sur la partie du jardin non visible aux visiteurs, et plus loin, il y avait la mer.  Il faisait beau, aujourd’hui encore.  Il avait payé son minerval à l’université, et la rentrée était pour le lendemain.  Son regard se perdit dans l’horizon.  Il n’avait pas vraiment envie d’aller en cours.  Il savait que de toute façon, il serait engagé dans l’entreprise de son beau père et que même si ça n’était pas le cas, l’avarice de celui-ci lui garantissait un héritage qui lui éviterait de travailler pendant un bon bout de temps.  Il ne s’entendait pas très bien avec Jean, il ne s’était jamais bien entendu avec lui, mais il s’était marié avec sa mère et il était bien forcé de le supporter.

Il aperçût dans le jardin le jardinier qui s’activait.  Il était accroupit par terre et arrachait les mauvaises herbes, torse nu.  Sa peau bronzée luisait sous le soleil chaud.  Il transpirait.  Lucas sourit. 

Il décrocha son téléphone et composa le numéro de la bonne.

-Carmen ? … oui, j’aimerais petit déjeuner… Pourriez vous dresser ma table dans le jardin, près de la marre ?... Merci, Carmen, vous êtes un ange.

Lucas continua à observer le jardinier, et ne tarda pas à voir Carmen, cette brave femme, amener une petite table de jardin ronde en fer forgé blanc, suivie de sa chaise et bientôt recouverte de croissants et autres viennoiseries, ainsi qu’une tasse et d’une carafe de café et une autre de jus d’orange.  Le téléphone sonna et Carmen lui annonça que son petit déjeuner était prêt.

Lucas descendit, seulement vêtu de son bas de pyjama et alla s’installer à sa table, en face du jardinier qui continuait à arracher les mauvaises herbes.  Ce qu’il était sexy, même s’il était vêtu de haillons, pensa-t-il en regardant son dos musclé.

Le jardinier se releva, et Lucas remarqua que son jeans baggy, qui était troué aux genoux était par ailleurs taché de boue.  Il jeta les mauvaises herbes qu’il avait arrachées dans un sac un peu plus loin.

-Vous devriez porter un pantalon de travail, ça vous éviterai de tacher le votre, dit Lucas en se servant du café.  Le jardinier sursauta, et ça le fit sourire.  Manifestement il ne l’avait pas vu s’installer à sa table.  Jean ne vous a pas proposé d’en porter un, repris-t-il.

-Euh… M. Delatourre ?

-Oui, Jean.

-Non, il a du oublier.

Lucas sourit.  Il a du penser à son porte feuille, oui.

-Vous voulez faire une petite pause ?

-Je ne sais pas si…

-Je vous accorde une pause, si vous la voulez, dit il en regardant une petite goutte de sueur couler le long de sa tempe.

-C’est d’accord, alors.

Lucas lui servit un verre de jus d’orange et le lui tendit.  Le jardinier rougit avant de le prendre et de le boire d’une traite.  Il s’assit par terre, à l’ombre d’un arbre, et après quelques instants, il se remit au travail. 

 

 

Andrew arriva à dix heures trente dans la demeure de M. Delatourre, et ce dernier lui donna ses instructions.  Il lui était interdit de rentrer dans la maison, et tous les outils dont il aurait besoin se trouvaient dans la remise, dans un coin reculé du jardin.  Sa tache consistait à arracher les mauvaises herbes, tondre le gazon et tailler les haies, et quand il aurait fini, il était tenu de mettre M. Delatourre au courant.  Andrew se mit au travail et il se mit à arracher les mauvaises herbes autour de la marre, dans un coin reculé du jardin.  Le soleil tapait et son T-shirt fut vite trempé de sueur, ainsi il décida de l’enlever.

Il vit la bonne dresser une table, un peu plus loin, mais n’y prêta aucune attention.  Après un moment, fatigué d’arracher ces satanées mauvaises herbes, il ramassa celles qu’il avait déjà arrachées et les jeta dans le sac qu’il avait préparé à cet effet, qui était un peu plus loin.

-Vous devriez porter un pantalon de travail, ça vous éviterai de tacher le votre, dit une voix derrière lui. Andrew sursauta et se retourna, pour se retrouver face au garçon blond de la veille, occupé à se servir une tasse de café, le sourire aux lèvres.  Il était vêtu uniquement d’un bas de pyjama rayé bleu et blanc.  Jean ne vous a pas proposé d’en porter un ?, repris-t-il.

-Euh… M. Delatourre ?

-Oui, Jean.

-Non, il a du oublier. Répondit Andrew en se disant que ce crétin devrait utiliser le nom de famille de son employeur quand il parlait de lui avec lui, plutôt que son prénom.

-Vous voulez faire une petite pause ?

-Je ne sais pas si…

-Je vous accorde une pause, si vous la voulez.

-C’est d’accord, alors.

Andrew l’observa.  Il avait les cheveux blonds, pas encore coiffés, mais la veille ils tombaient soigneusement devant ses yeux.  Il avait les yeux gris et froids, et il s’étonna qu’il lui serve un verre de jus d’orange, qu’il but d’une traite, car il était littéralement assoiffé.  Il observa une dernière fois le visage las du garçon, avant d’aller s’asseoir au pied d’un arbre, plus loin.

Publié dans : La Cage Dorée
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Commentaires

L'histoire promet d'etre interessante:P
commentaire n° :1 posté par : melina le: 28/10/2008 à 21h31
début très prometteur, j'attends la suite avec impatience
commentaire n° :2 posté par : sakura le: 28/10/2008 à 21h43
Alors là, je sais pas du tout ce qu'il va se passer... Lol
commentaire n° :3 posté par : cali le: 19/11/2008 à 21h20
La suite ne saurait tarder ;)
réponse de : le: 19/11/2008 à 21h27
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